Le nouveau chantage à l'émotion

Publié le par Jérôme Mazet

 La grève de la faim menée par le député Jean Lassalle durant plusieurs semaines est condamnable à plusieurs titres. Même si nous savons depuis longtemps que le ridicule ne tue pas, Jean Lassalle a mis sa vie en danger pour une cause qui ne méritait pas cette publicité.
 
 
 Le député Jean Lassalle
 
La démarche de Lassalle, qui reproche à l’entreprise japonaise Toyal ses choix de management, a trouvé, grâce à un battage médiatique sans précédent pour ce type de (non)évènement, un écho dans l’opinion publique et jusqu’au gouvernement qui est intervenu pour dénouer cette affaire qui tournait au grand Guignol.
 
Face à l’entêtement quasi suicidaire de l’élu pyrénéen, l’état cède de nouveau en s’engageant à financer la réimplantation forçée de Toyal, laissant une fois de plus le soin au contribuable de régler la facture de sa lâcheté politique.
 
Chacun sait pourtant qu’une fois la crise passée (et les subventions empochées), Toyal finira quand même par délocaliser son activité, probablement en Europe de l’Est. Ce n’est pas très grave pour le député Lassalle qui n’aura pas à se donner de nouveau en spectacle : sa réélection pour 2007 est quasi assurée.
 
A l’heure où il est de bon ton de réclamer la séparation du politique et du religieux ou encore du politique et de la Justice, peu de voix s’élèvent pour demander une séparation du politique et des entreprises privées. Cette intervention incongrue du politique dans la vie d’une entreprise privée place la France comme un pays à risque pour tout investisseur étranger qui réfléchira désormais à deux fois avant d’implanter son activité dans un pays à la merci d’un chantage émotionnel permanent.
 
Cet épisode, célébré par certains comme une victoire de la volonté politique sur la logique économique, permettra encore pendant quelque temps de bercer d’illusions les Français sur leur capacité à inverser par leur seule volonté la logique de la mondialisation. Au lieu de s’adapter et de se préparer à cette nouvelle donne internationale, notre pays, menée par une élite qui cède facilement à la démagogie, préfère jouer au petit village gaulois, seul résistant à une cause perdue d’avance.
 
Jean Lassalle a décrédibilisé le principe de grève de la faim qui est le recours ultime pour des causes majeures relatives aux droits de l’homme et aux grandes crises. Est-ce surprenant si quelques jours après le spectacle offert par le député Lassalle, une restauratrice marseillaise a entamé une pseudo grève de la faim (vite interrompue une fois les journalistes partis) pour protester contre la baisse du tourisme sur l’île du Frioul !
 
 

Publié dans Société

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M
Moi je le trouve plutôt sympatique ce député et surtout courageux ! On ne peut pas en dire autant de notre classe politique. Vous imaginez Hollande ou De Villepin prendre les mêmes risques ?!!! Pour une fois qu'un élu a une réaction spontanée et populaire vous le taxez tout de suite de populisme et d'arrières pensées électorales. Il nous change quand même des énarques formatés et insipides. On ne changera peut être pas le capitalisme mais on aura au moins essayé ! Bravo Lassalle !
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F
Merci pour cette réaction à l'encontre du médiatiquement correct ! Je souscris à l'ensemble de l'analyse et j'ajoute qu'une partie de la responsabilité en revient aux journalistes qui ont sauté sur l'occasion pour faire du sensationnel ! Qui a pu entendre les conséquences économiques sur le long terme et la décribilisation de la France à l'étranger ? Personne, cela n'était pas "émotionnel" !!!! Pour ce qui est de l'intervention de ce triste régime en panne, c'est encore un exemple à ranger dans le lourd dossier de la "République compassionnelle" (Michel RICHARD, Grasset)
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